Qualipast : « Il était urgent de rénover le vieux parc des cuves béton avec de nouvelles résines »

L’état sanitaire des cuves joue un rôle primordial dans la qualité et la conservation des vins. Depuis plus de 20 ans, la société Qualipast assure l’étanchéité des cuves béton et rénove les parcs vieillissants pour améliorer l’hygiène des caves viticoles. Réunion de trois entreprises, le groupe Qualipast est également fabricant des résines qu’il applique. Rencontre avec Dominique Richard, associé DG avec Olivier Martin, et Cyril Berthelet, responsable bureau d’études du groupe.

Cyril Berthelet, responsable bureau d’études du groupe Qualipast à gauche, et Dominique Richard, associé DG (avec Olivier Martin) à droite.

Le groupe Qualipast s’est agrandi au fil des années. Aujourd’hui, à quelle échelle intervenez-vous ?

Qualipast a d’abord été créé en 2000 à Lézan, dans le Gard. La société a procédé à son premier rachat en 2005, celui d’une entreprise de fabrication de résine époxy, rebaptisée Nouvelle Sogatra. Nous nous sommes ensuite agrandis avec deux autres rachats pour créer Qualipast Sud-Ouest à Carcassonne en 2013, puis Qualipast Sud-Est près de Toulon en 2016.

Aujourd’hui, Qualipast regroupe 48 salariés et couvre 26 départements français : de Carcassonne à Bordeaux, d’Alès à Sancerre et de Toulon à Ajaccio.

Nous nous adressons à tous les acteurs du monde du vin : petits domaines, caves coopératives, chais de négoces, négociants éleveurs, industriels agroalimentaires.

Votre activité principale est la rénovation des cuves béton. Beaucoup d’entre elles ont pourtant été abandonnées au profit de nouveaux matériaux comme l’inox ou la fibre. Il y a un réel besoin ?

Effectivement, 70 % du chiffre d’affaires de Qualipast est réalisé dans la rénovation des cuves béton. Toutes les caves n’ont pas les moyens d’acheter des cuves inox.
L’acidité du vin décape et abime facilement le matériel. Et un mauvais état des cuves peut provoquer des mauvais goûts dans le vin.
Il était urgent de développer de nouveaux produits à appliquer, conformes à la réglementation alimentaire européenne, qui permettent de rénover le vieux parc.
Et avec le développement des vins rosés et blancs, le travail œnologique est de plus en plus exigeant et demande une cuverie en parfait état.

Qualipast est à la fois prestataire de services et fabricant. Comment se décline votre champ d’actions ?

Pour la rénovation intérieure des cuves, notre intervention fait appel à toute une chaîne de compétence.

Elle démarre par une phase de préparation des supports (élimination de l’ancien revêtement, repérage et purge des zones peu cohésives, ragréage des parois béton). Puis il y a la phase de stratification (imprégnation et saturation d’un tissu biaxial 450g/m2 pour donner une résistance mécanique à notre complexe) et la couche finale de fermeture (émaillage par projection à chaud à 70°).

Ce sont donc plusieurs corps de métiers qui interviennent, chacun avec leur technicité et savoir-faire.

Nous proposons également de contrôler et de reprendre les pentes des cuves au sol pour faciliter le décuvage et au plafond pour éviter les poches d’air qui participent à l’oxydation des vins. Grâce à nos revêtements époxydiques, nous facilitons l’entretien et le nettoyage des cuves rénovées.

Vous appliquez donc les résines que vous fabriquez vous-même ?

Notre usine Nouvelle Sogatra et notre bureau de recherche et développement sont tous les deux basés dans le Gard à Lézan.

Le cœur de notre activité est d’être spécialisés dans l’application de systèmes d’étanchéité destinés au contact alimentaire. Les résines que nous avons développées répondent forcément aux exigences d’alimentarité et respectent les qualités organoleptiques des vins.

Notre résine a été élaborée pour être projetée au pistolet à 70° et pour que le produit n’ait pas le temps de couler tout en ayant une bonne épaisseur sur la paroi (1000 μm minimum).
Ce revêtement lisse et brillant évite au tartre d’adhérer aux parois.

En amont, nous contrôlons les porosités et gommons toutes les aspérités de surface, pour obtenir une surface technique apte à recevoir la couche de contact alimentaire finale.

S’ajoute à la rénovation le remplacement des pièces inox…

Effectivement, les clients en profitent pour repenser le positionnement des tubulures. Pour cela, nos prestations englobent également la fourniture et la pose d’équipements inox 316L comme les vannes, coudes décanteurs, robinets dégustateurs, les portes, les trappes, tubes de niveau ….

Vous offrez une nouvelle jeunesse à ces cuves béton. Quelles autres solutions apportez-vous pour accompagner les changements des pratiques vinicoles ?

La nouvelle demande c’est aussi de rendre les contenants moins grands en redivisant les cuves pour la sélection parcellaire.

En effet, les cuves béton ont généralement été conçues pour accueillir un volume de production à 200 hectolitres par hectare. Cette époque est révolue et ces grandes capacités sont devenues inadaptées notamment avec l’évolution des cahiers des charges des appellations et une production moyenne qui a été réduite par trois ou quatre.

Nous sommes capables de réaliser l’ensemble des travaux visant à redimensionner les cuves (séparations verticales ou horizontales), selon les attentes du client et les contraintes liées aux typologies des cuves.

Tous ces travaux peuvent être subventionnés par des aides de France AgriMer.

C’est aussi l’occasion pour certaines caves de refaire l’étanchéité des sols… et des façades en cuverie.

Nous travaillons dans un secteur où l’hygiène passe par l’environnement de travail.

Auparavant, beaucoup de rigoles étaient réalisées avec de la maçonnerie, or les grandes longueurs des allées en cuverie impliquent une gestion gravitaire des eaux de lavage sur de faibles pentes. Réaliser une gestion d’évacuation des eaux avec de faibles pentes, via des rigoles maçonnées classiques, s’avère en réalité inapproprié dans de nombreux cas.

Aussi, nous privilégions la fourniture de la pose de profilés tout inox pour mieux maîtriser la gestion de ces eaux en cuverie. Nous développons maintenant depuis quelques années, des fonds inox, des caniveaux à fente ou avec grilles caillebotis et des collecteurs siphons avec panier pour récupérer les matières solides et améliorer les conditions d’hygiène générale.

Dans un environnement humide tel que le sont les caves viticoles (nettoyage régulier des surfaces), les façades des cuves sont sérieusement sollicitées.

Nous proposons l’application de peintures antifongiques pour que l’eau ne soit pas absorbée par le support, mais qu’elle ruisselle dessus pour éviter toutes moisissures.

De votre côté aussi, vous avez changé vos méthodes pour réduire votre impact environnemental…

Nous sommes en effet en train de faire évoluer notre process de préparation des supports pour diminuer drastiquement le volume de nos déchets et limiter en conséquence tout la logistique liée au transport et au traitement de ces déchets.

Nous sommes à l’étude d’une solution technique pour à la fois recycler nos matériaux et améliorer l’ergonomie des opérateurs en charge de cette phase de préparation des supports.

Pourquoi avoir adhéré à Vinseo ?

On s’inscrit dans une démarche de partage. On connaît d’autres partenaires, on a les mêmes clients. L’idée du réseau, c’est de permettre de nous voir plus fréquemment dans un contexte plus décontracté que le travail.