Pionnier et leader de l’agrivoltaïsme dynamique depuis les années 2000, Sun’Agri était initialement un programme de recherche. La société officiellement créée en 2019 déploie aujourd’hui sa technologie à échelle industrielle. Sa mission d’utilité publique : développer des solutions et systèmes d’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques. Sun’Agri protège dès à présent les vignobles les plus impactés par les aléas climatiques grâce à son système de protection innovant. Rencontre avec Tiffanie Zaka-Astruc, responsable d’affaires passionnée.

 

Tiffanie Zaka-Astruc est responsable d’affaires chez Sun’Agri pour les départements de l’Hérault et du Gard.

Sun’Agri a inventé le concept d’agrivoltaïsme dans le monde. Racontez-nous la genèse du projet ?

Le président de Sun’Agri, Antoine Nogier, est issu des métiers de l’énergie et d’origine agricole. Il a créé le Groupe Sun’R, son entreprise de production d’électricité renouvelable, dans les années 2000. Christian Dupraz est directeur de recherche à l’Inrae de Montpellier, spécialisé en agroforesterie. Tous les deux ont cherché à développer une solution d’ombrage pilotée au service de la plante en s’inspirant de l’agroforesterie.

En 2009, le premier programme de recherche – Sun’Agri I – est né : une phase d’expérimentation sur salade, réalisé sur le site de Lavalette à Montpellier. C’était la preuve du concept : le fait d’ombrer régulièrement en apportant de la lumière de manière homogène permettait de protéger les plantes tout en leur offrant des conditions de croissance optimales.

Le programme Sun’Agri II a consisté à optimiser la solution d’agrivoltaïsme dynamique. Aujourd’hui, Sun’Agri III est la phase de développement à échelle industrielle appliquée sur la vigne, l’arboriculture et le maraîchage : la preuve à taille réelle sur des parcelles de 2 à 5 hectares.

 

Sun’Agri a conçu un système d’agrivoltaïsme dynamique. Qu’est-ce-que c’est exactement ?

Il existe ici une dualité de production sur une même parcelle. Au premier étage, c’est la production agricole, au second, la production d’électricité. Notre priorité est de protéger les cultures des aléas climatiques. La production électrique reste secondaire et permet de financier l’outil de protection agricole.

Notre système développe des persiennes mobiles d’une hauteur minimum de 4,5 mètres de haut pour pouvoir laisser passer les tracteurs et machines à vendanger. L’idée, c’est que la structure soit au service de la plante et qu’elle vienne la protéger. Nous l’adaptons à la pratique et à l’itinéraire technique du vigneron.

 

Concrètement, comment cela fonctionne ?

Les persiennes sont placées sur des parcelles en renouvellement ou nouvelles qui seront plantées après l’installation de la structure. Celle-ci nécessite l’installation de pieux en acier battus dans le sol, il n’y a pas de béton : la structure est démantelable afin d’éviter toute artificialisation.

Grâce aux capteurs agrométéos installés in situ, aux modèles de croissances agronomiques et autres algorithmes, nous pouvons suivre, entre autres, les rayonnements du soleil, l’état du sol, le confort hydrique, les températures et la croissance des plantes.

Les données sont remises à jour toutes les 10 minutes pour ajuster le plus finement possible le pilotage des persiennes. Le système permet de prendre en compte les objectifs de production de l’exploitant agricole, la qualité organoleptique, de contrôler la maturité des raisins, de jouer sur l’acidité et les anthocyanes, de baisser d’1 ou 1,5 degrés d’alcool…

 

Avec son troisième programme de recherches – SUN’AGRI III – la société est passée à la phase de développement à échelle industrielle appliquée sur la vigne, l’arboriculture et le maraichage : la preuve à taille réelle sur des parcelles de 2 à 5 hectares

Quels sont les autres bénéfices ?

Une zone témoin, non ombrée, permet toujours de comparer les deux surfaces et de constater l’efficacité du système. En fonction des pics de températures, nous sommes capables d’augmenter ou de baisser la température de 2 à 5°. Ce qui peut par exemple éviter les gelées blanches. Quand on vient ombrer, on assiste à une baisse de l’évapotranspiration, et une réduction des apports en eau à la parcelle de 20 à 30 %. Cela permet également d’avoir un temps de croissance de la plante plus long. La vigne est notre marché principal. En termes d’efficacité énergétique, c’est la plante sur laquelle nous avons le plus de résultats probants. Deux projets viticulture à taille réelle sont en service et cinq en cours de construction pour une plantation prévue fin 2022/début 2023.

 

Ce système est-il applicable sur tout le vignoble ?

L’INAO n’incluant pas cet outil dans les cahiers des charges des AOP, nous ne nous adressons qu’aux parcelles de vins produits en IGP ou vin de France pour l’instant. Pour installer le système, la surface doit être de taille minimum de 3 hectares et assez plane.

 

Comment un vigneron peut-il financer votre installation ?

Nous accompagnons les porteurs de projet dans toutes les étapes : de la définition de leurs besoins à la mise en service, nous structurons les aspects agricoles, juridiques, administratifs et financiers. C’est via la production électrique que l’on finance entièrement l’outil agricole. Une société dédiée à la vente d’électricité de la parcelle agrivoltaïque est créée. L’agriculteur a le choix : il peut investir sur tout ou partie de l’outil.

 

Aujourd’hui, quelles sont les perspectives de développement de Sun’Agri ?

Après des dispositifs expérimentaux testés sur de petites surfaces, nous développons nos « démonstrateurs » à échelle plus grande, de 2 à 5 hectares. Nous avons identifié des marchés à l’international. Il y a des plantes qui n’ont pas de besoins de protections comme les oliviers ou les grenadiers. Mais nous faisons des tests sur d’autres cultures, comme les cultures maraîchères. La recherche est continue. Pour chaque programme, des doctorants travaillent sur ces sujets. Le label Afnor « Projet agrivoltaïque », que nous avons contribué à créer, va favoriser ce type de projets d’excellences.

 

Chez Vinseo, que recherchez-vous ?

Nous voulions nous ancrer sur le territoire de manière plus poussée. Avec la création de notre agence à Montpellier, nous souhaitons travailler davantage avec les acteurs de la filière vin, qui reste notre premier secteur d’activité.

 

Sun’Agri
45 allée Yves Stourdzé
34830 CLAPIERS
www.sunagri.fr

 

 

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