Fini les galères de poids lourds dans les domaines viticoles. À Béziers, Pack and Carry révolutionne le transport logistique en proposant aux vignerons de livrer eux-mêmes leurs colis et palettes dans des points relais. Gain de temps, réduction des coûts, meilleur bilan carbone… Un cercle vertueux que nous explique son concepteur et gérant Didier Conversy.

Didier Conversy, fondateur de Pack & Carry à Béziers.
Didier Conversy, quel a été votre parcours avant de lancer Pack and Carry ?
Je suis issu de la communication. J’ai travaillé pour le groupe Spir Communication en 1996 à Annecy. À l’époque j’avais pris la suite de Jean-Pierre Nemoz pour monter le premier magazine de France Logic Immo, qui rassemblait les agents FNAIM.
L’optimisation des coûts a toujours dicté ma vie. Au bout de 4 ans, j’ai eu envie de monter ma boîte. Il faut se rappeler qu’en l’an 2000, on est passé à l’euro mais aussi à la libéralisation des télécoms. Sont arrivés Orange, Bouygues, SFR… J’ai monté Optissim, un groupement des volumes d’achats pour faire baisser les coûts des télécoms. À l’époque, on a ainsi ouvert 5 000 lignes avec une cinquantaine de commerciaux. On a aussi travaillé et reproduit cela dans le transport.
En 2009, vous vous installez à Béziers pour y faire quoi ?
Optissim.com est devenu un site de e-commerce où l’on vendait des emballages et des fournitures de bureaux à prix avantageux.
Le fait d’être entouré de vignes m’a questionné sur la prochaine activité à monter : le transport de palettes et de petits colis. J’ai testé le marché en vendant des cartons sécurisés, puis en lançant le transport de petits colis, puis de palettes.
Nous avons démarré avec un petit entrepôt dans la pépinière Innovsud avant de développer nos propres entrepôts logistiques (deux autour de Béziers).
Vous êtes le premier transporteur à ne plus venir chercher la marchandise directement au domaine mais dans des points relais ? Pourquoi avoir supprimé cette étape logistique clé ?
Au départ, nous avions des flottes de camion pour aller chercher les colis dans les domaines. Mais on a vite compris que ce n’était pas rentable. D’abord, le domaine ne passe pas commande tous les jours. Et les transporteurs ont beaucoup de difficultés à se déplacer sur des routes et chemins inadaptés. En 2024, nous avons donc lancé nos premiers points relais. Aujourd’hui, on en compte une soixantaine dans l’Aude et l’Hérault. Ils collectent 1 600 palettes par mois. Le transport viticole représente 60 % de notre chiffre d’affaires, le reste étant de l’industriel et du e-commerce. Ce sont 180 clients réguliers (dont 80 % dans le viticole, essentiellement des caves particulières).
Où sont ces points relais et comment fonctionnent-ils ?
Je suis allé les chercher chez les fournisseurs de la vigne. Aujourd’hui, ce sont toutes les agences Péris et le réseau Bertrand Remon dans l’Aude, le groupe Magne, Arterris (dont les magasins Gamme Vert), et bientôt Agrikolis, Soufflet Vigne et Cordier. Ils ont tous les mêmes caractéristiques : des entrepôts de 300 m2 et ils sont en lien quotidien avec les producteurs.
Nos chauffeurs viennent collecter la marchandise dans ces points relais tous les jours et la rapportent le soir à nos entrepôts. La suite du trajet est prise en charge par des spécialistes transporteurs. N’étant mariés à personne, on oriente les commandes vers le transporteur le plus adapté en fonction du trajet. On essaie aussi de choisir des transporteurs avec une démarche la plus verte possible.
Quels sont les avantages pour le vigneron ?
On leur simplifie la vie ! Au domaine, il faut être sur place pour charger le colis. Là, les domaines peuvent les déposer quand ils le souhaitent aux horaires d’ouverture du magasin, du lundi au vendredi, parfois le samedi matin. Il n’y a pas de pression du chauffeur qui n’arrive pas à vous joindre ou est en retard. Les chemins défoncés et les camions abîmés, c’est fini. Et comme le vigneron fait le 1er kilomètre, nous faisons baisser le prix du transport.
En quoi est-ce aussi un avantage écologique ?
En janvier 2024, l’Europe a voté une nouvelle loi sur le quota carbone. Bientôt, on comptera les points de chaque activité, et les amendes peuvent coûter cher : 150 € la tonne.
Notre système permet de réduire son emprunte carbone en baissant de 29 % les rejets de CO2. Car un camion de 19 tonnes, c’est 900 grammes de CO2 au km, contre 350 grammes pour un véhicule léger.
Quels sont vos objectifs à terme ? Parlez-nous aussi de Pack and Carry Store, votre projet de mini-hubs.
Notre idée est de mailler toute l’Occitanie. À 2030, tout le Sud de la France et la Vallée du Rhône. Au-delà des points relais, nous cherchons à implanter un mini-entrepôt tous les 50/60 km maximum. Aujourd’hui faire un trajet Béziers / Limoux perd de son sens.
Ces mini-hubs permettront aux camions de ne jamais faire plus d’une demi-heure de route ou 30 km entre les points relais et les entrepôts.
Nous sommes actuellement en phase d’acquisition de notre premier bâtiment vitrine à Montady. Il sera opérationnel en octobre. Sur l’Occitanie, nous visons entre 7 et 9 entrepôts qui génèreront minimum 4 embauches par lieu : un commercial, un chauffeur, un préparateur de commande, un gestionnaire. C’est un cercle vertueux. On est aussi en phase de réflexion sur la thématique du recyclage.
Vous ne vous arrêtez pas là, puisque vous lancez également une application pour permettre de livrer les touristes et étrangers…
C’est une première en France. Elle va permettre au vigneron de vendre 5 fois plus. Nous l’avons testé cette année au salon Vinocap au Cap d’Agde. Grâce à l’appli, un client qui serait reparti avec 3 bouteilles en a commandé 14 ! La livraison est à prix très attractif pour motiver l’acheteur.
En boostant les ventes de nos amis vignerons, on travaille aussi. Et nous voulons sortir des sentiers battus pour y arriver.

Une trentaine de salariés travaillent chez Pack & Carry. L’entreprise a présenté sa dernière innovation à Vinocap 2025 : une application de livraison de bouteilles pour les touristes.
Derrière Pack and Carry, il y a le tandem que vous formiez avec votre femme, Sylvie Rauzy Conversy. Quel a été son rôle ?
Ma femme, décédée l’année dernière, était mon associée. Elle était biterroise et très fière de créer une entreprise sur son territoire. Pendant 10 ans, elle a fait un travail colossal sur la partie informatique pour développer les applications, la plateforme de e-commerce. Je lui dois la réussite de Pack and Carry.
En 2024, son fils Nicolas Salines-Rauzy est devenu associé. Aujourd’hui notre entreprise compte une trentaine de salariés.

Nicolas Salines-Rauzy, associé de Pack & Carry.
Vous avez rejoint Vinseo il y a quelques mois, pourquoi ?
Pendant pas mal d’années, nous avons souffert d’un manque d’utilisation du réseau. Aujourd’hui on est en mode start-up. On veut aller vite et booster les rencontres.
Pack & Carry
233 rue de la Verrerie
ZA Béziers Ouest
34 500 Béziers
Tél. 04 67 00 16 52
contact@pack-and-carry.com
www.vitrine.pack-and-carry.com