Application Vintel® par ITK : Digitaliser la science pour mieux prévoir les aléas réels

Publié le 12 novembre 2025 | Par Lucile CARMET

Pionnière du digital dans le secteur agricole, la société ITK développe des Outils d’Aide à la Décision (OAD) depuis plus de 20 ans. Avec l’application Vintel®, ses ingénieurs placent la donnée au service des vignerons pour mieux anticiper et faire face aux divers aléas (sécheresse, maladies…). Philippe Depré, business développeur Vintel nous explique le fonctionnement de cette solution.

Philippe DEPRÉ, Développeur business Vintel

Philippe Depré, présentez-nous ITK. Dans quel contexte l’entreprise a été créée ?

La société ITK a été fondée en 2003 à Clapiers, près de Montpellier, par Eric Jallas, un ancien doctorant du Cirad, qui a été précurseur dans le domaine de l’agriculture technologique. Sa vision était déjà de penser que la donnée et les technologies permettraient de répondre à deux questions auxquelles nous cherchons encore les réponses aujourd’hui : comment s’adapter au dérèglement climatique et comment réduire son impact sur l’environnement dans un contexte de performance.

Aujourd’hui, nous sommes une équipe de 80 salariés composée majoritairement d’agro modélisateurs aux parcours d’ingénieurs. En 2023, une nouvelle étape voit le jour où Innoval, groupe coopératif de référence des services en amont de l’élevage, est devenu l’actionnaire majoritaire d’ITK.

Quelles sont les principales applications que vous proposez ?

Notre rôle, c’est d’anticiper le futur. Nos produits phares sont développés pour trois secteurs agricoles.

Le secteur de l’élevage avec un outil de monitoring pour les bovins appelé FarmLife permettant de suivre le comportement des animaux.
Le secteur des grandes cultures avec la solution Cropwin que nous avons développé pour la coopérative américaine Land O’Lakes qui permet de piloter l’itinéraire technique en fonction d’objectifs de rendements.
Et le secteur viticole avec l’application Vintel®. Nous avons travaillé ce produit pour différents usages et utilisateurs : les vignerons, les caves coopératives, les conseillers et les distributeurs. Cette solution a commencé à être développé au début des années 2010 pour répondre à la question de l’eau et de l’irrigation puis l’outil s’est étoffé d’autres fonctionnalités : mildiou, oïdium, azote et aléas climatiques. Notre positionnement est de proposer l’outil le plus complet possible en donnant des informations et des indicateurs pertinents quel que soit le millésime.

Concrètement, quelles sont les données qui vous intéressent pour piloter la culture de la vigne ?

Il existe trois données d’entrée. Il faut d’abord décrire une parcelle type du vigneron. C’est une unité de terroir avec une vingtaine de paramètres à préciser (localisation, cépages, sol, objectif de production, type de vin souhaité, objectif de rendement, type de conduite). Nous renseignons ensuite les interventions effectuées dans l’année : traitement ou non, enherbement, irrigation… Et troisièmement, nous nous intéressons aux données météo passées et futures autour de paramètres essentiels : pluviométrie, température, vitesse du vent… Car notre slogan c’est « voir l’invisible pour mieux agir ».

Vintel® mêle donc données générales et spécifiques en puisant dans toutes les sources d’informations existantes ?

Notre métier est de traduire la bibliographie scientifique en modèles. Digitaliser ces travaux nous permet de puiser dans la science pour traduire ces données en équations.

Le vigneron intègre au démarrage ses informations spécifiques en créant ses parcelles de référence et ses pratiques agronomiques. Nous nous appuyons sur des données météo de qualité issues de fournisseurs que nous avons sélectionnés. Il est également possible de se connecter aux stations météo des producteurs avec lesquelles la mise à jour sera automatique. L’objectif est de donner des indications précises pour prendre les bonnes décisions, par exemple : il pleut demain, quelles sont les conséquences sur mon vignoble ?

Jusqu’où ces données peuvent-elles guider le vigneron dans ses actions ?

De façon concrète, par exemple sur l’eau, on va pouvoir recommander la quantité d’irrigation en fonction des objectifs de rendement, des contraintes hydriques jusqu’à l’objectif le plus qualitatif.

Sur la partie maladie, nous pourrons déterminer quels sont les stades de sensibilité en fonction des cépages et de la phénologie : ma vigne est-elle sensible ? Ai-je une pression maladie ? Nous allons indiquer l’efficacité des traitements, la sensibilité aux lessivages pour mieux rentrer sereinement dans sa campagne de traitement et avoir ce temps d’avance pour décider.

Dans quelle région avez-vous pu tester l’efficacité de Vintel, et quels sont les développements envisagés à l’avenir ?

Depuis début 2010, Vintel est sur le marché viticole et en 2023, la solution s’est développée et enrichit. Aujourd’hui, elle compte 350 utilisateurs en Occitanie. Nous travaillons sur un autre marché, l’Italie qui dispose d’une surface irriguée trois fois plus importante qu’en France. Là-bas, nous travaillons avec une université et un groupe de recherche de l’Udine au Nord de Venise, qui a montré qu’avec notre outil on réduit de 30 à 40 % la consommation d’eau.

Nous développons des modèles en fonction des problématiques de chaque région. Comme nous l’avons fait pour l’irrigation en Occitanie, nous prenons également en compte les maladies, en particulier le mildiou dans le Bordelais.

Nous sommes aussi très attentifs à l’ergonomie de l’application pour que l’outil soit efficace et facile d’utilisation. Nous disposons d’interfaces informatiques pour communiquer avec des logiciels de traçabilité pour faciliter l’échange de données dans une logique de gain de temps et d’efficacité.

Avez-vous un profil type de clients ?

Nous nous adressons aux domaines viticoles qui ont des appétences sur ces sujets. Cela peut-être un vigneron ou un chef de culture qui a des objectifs clairs et qui a un intérêt pour les problématiques de pilotage. Il y a aussi les structures qui font appel à des conseillers phytosanitaires ou agronomiques comme des clients qui nous contactent grâce aux conseillers. Nous collaborons également avec des distributeurs qui développent une offre de services. Nous attachons une grande importance au partage des données. Notre rôle est de compléter l’observation et l’expertise existantes, non de les remplacer. Nous cherchons à accompagner la prise de décision et à aider à trouver la meilleure voie, quel que soit le millésime. Nous réalisons des devis personnalisés en fonction de la taille de la structure viticole.

Quelle est votre expérience avec Vinseo ?

Nous faisons partie des cofondateurs. C’est important d’être présents dans la filière dans le bassin languedocien, de pouvoir profiter du réseau d’un point de vue connaissances et de trouver des synergies. Par exemple le laboratoire Natoli utilise notre outil et nous apporte sa vision terrain via ses conseillers.

Au salon Sitevi, le stand de Vinseo facilite notre visibilité. Pour sa prochaine édition (du 25 au 27 novembre 2025 à Montpellier), nous serons présents au Hall A2 stand B19. Nous animerons également une conférence sur l’irrigation lors du salon.

Jeudi 27 nov. (11h15 – 12h45, Salle B)
ITK – L’irrigation du vignoble à l’heure du changement climatique : quelles stratégies pour préserver la qualité des vins ?

Le réseau Vinseo c’est participer au collectif sur des projets communs et y apporter notre savoir-faire comme la modélisation.