Publié le 10 septembre 2025
Face aux défis climatiques et économiques, Diam Bouchage mise encore et toujours sur l’innovation et l’ancrage local. Avec une nouvelle plantation de chênes lièges dans le Roussillon, l’entreprise entend réinventer la subériculture méditerranéenne. Éric Feunteun, le nouveau directeur général de Diam Bouchage, fait le point sur ce projet et annonce les nouveautés à attendre dans les mois à venir.
Cet été, Diam va planter 8 hectares de chênes-lièges dans les Pyrénées-Orientales. Spécialiste des bouchons techniques reconnue pour sa R&D innovante, qu’attend l’entreprise de cet investissement dans l’amont de la filière liège ?
Diam doit anticiper la transformation de la filière, elle aussi impactée par le changement climatique. La mortalité du chêne-liège augmente sur la péninsule ibérique. L’aire naturelle d’implantation de l’arbre et les méthodes de culture sont appelées à évoluer. Diam souhaite s’impliquer dans ces deux défis.
Avec cette plantation de 3 600 arbres, située à seulement 20 km de notre siège social, nous voulons démontrer qu’il est possible d’accroître l’efficacité de la récolte du liège.
Pour cela, nous avons modifié les règles traditionnelles : l’espacement entre les arbres a été réduit de 10 à 4 mètres, les jeunes plants sont tuteurés et irrigués par goutte-à-goutte. Grâce à des apports hydriques faibles et maîtrisés, nous comptons réduire le délai de la première récolte utile de liège, en passant de 40 à 25 ans.
Diam s’implique dans la plantation de chênes-lièges afin de tester un nouveau modèle de subériculture. (Crédit photo: Diam Bouchage)
L’entreprise Diam a-t-elle l’ambition de multiplier les plantations et ainsi de maîtriser une partie de son approvisionnement ?
La plantation des Pyrénées-Orientales est la deuxième initiative foncière de Diam (1). Ces deux plantations expérimentales représentent quelque 20 hectares, quand la surface nécessaire pour couvrir les besoins annuels de Diam est de 3 000 à 4 000 hectares!
L’objectif n’est donc pas l’autosuffisance. Ces projets ont une dimension agronomique. Diam apporte sa culture de l’innovation pour créer un nouveau modèle de subériculture.
« Il est possible d’accroître l’efficacité de la récolte du liège »
Ces changements culturaux seront-ils suffisants pour relancer la filière liège en France ?
Éric Feunteun, directeur général de Diam Bouchage
Réactualiser les savoirs agronomiques sur la conduite des suberaies est une étape indispensable, mais elle doit s’accompagner d’une viabilité économique. C’est pourquoi nous travaillons main dans la main avec les producteurs français. Nous achetons du liège issu de forêts matures en Corse, en Provence et dans le Roussillon. Nos bouchons techniques « made in France » séduisent de plus en plus de vignerons, sensibles à l’argument du local.
Qu’en est-il de votre gamme de bouchons techniques totalement biosourcés ?
La gamme Origine illustre la capacité de Diam à innover : les microsphères sont constituées de cire d’abeille et le liant est issu de l’huile de ricin. Le défi technologique a été relevé, et les ventes sont encourageantes. Désormais, le nouvel enjeu est économique : optimiser nos coûts de production à travers l’amélioration des recettes, des procédés et des composants.
Le salon Sitevi se rapproche, des nouveautés sont-elles à attendre sur le stand de Diam ?
Diam a bouleversé le marché avec ses bouchons techniques micro-agglomérés, garantis sans TCA relargable et offrant plusieurs niveaux de perméabilité contrôlée. Nous avons également été pionniers dans l’utilisation de matières premières innovantes et biosourcées. Mais notre démarche d’innovation est continue : nous visons le lancement de quatre nouveaux produits chaque année.
Quelles sont les prochaines nouveautés à attendre ?
Au salon SITEVI, nous finaliserons le lancement de la gamme Collection : des bouchons en liège micro-aggloméré habillés d’une fine feuille de liège. Les premières commandes seront ouvertes dès le Salon, avec des livraisons prévues en janvier 2026.
En Champagne, à l’occasion du Vit’Eff, nous présenterons une innovation majeure sur la maîtrise de l’oxygène. Toujours fin 2025, nous proposerons deux nouveaux niveaux de perméabilité adaptés à différents types de bouchons. Enfin, pour les producteurs d’alcools blancs, nous lancerons un bouchon spécifiquement conçu pour éviter tout risque de coloration.
Une crise majeure ébranle le monde viticole, notamment en France. Quelles conséquences économiques et sociales pour Diam Bouchage ?
Nos bouchons s’adressent principalement à des vins de moyenne et haute gamme, moins affectés par la baisse de la consommation. De plus, en période de turbulence, de nombreux vignerons choisissent de sécuriser leurs vins grâce à nos bouchons, qui garantissent une maîtrise du vieillissement et des profils organoleptiques.
À l’échelle mondiale, nous observons également un basculement : dans des marchés comme l’Australie, nous gagnons des parts face aux capsules à vis. En 2024, notre chiffre d’affaires a progressé de 5 %. Certes, le premier trimestre 2025 marque un recul en valeur, mais les volumes restent stables, ce qui nous permet de maintenir l’intégralité des emplois.
(1) Diam a planté 10 000 chênes-lièges en Espagne près de son usine locale (un projet à découvrir en vidéo)
VINSEO ET DIAM
« Diam Bouchage, filiale du groupe Oeno, est l’un des membres fondateurs de Vinseo. Depuis que j’ai pris mes fonctions de directeur général, j’ai pu mesurer toute la valeur de ce réseau. Vinseo favorise la logique de filière entre fournisseurs, encourage les synergies et nourrit des réflexions de fond, à l’image de la conférence « L’alcool est-il has been ? » lors de la dernière assemblée générale.
Mon parcours de 25 ans dans l’automobile me permet de voir des parallèles. L’arrivée des vins sans alcool, par exemple, me rappelle l’émergence des véhicules électriques : on doutait de leur légitimité, de leur avenir face aux modèles thermiques, et de la possibilité pour les deux offres de coexister. »
Propos recueillis par Séverine Favre (septembre 2025)
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