Groupe centenaire spécialisé dans les produits œnologiques, le groupe Sofralab expérimente et développe depuis cinq ans ses innovations dans sa cave expérimentale languedocienne, Campus Montagnac.
Entretien avec Arnaud Soulier, directeur marketing international du groupe Sofralab.
Sofralab fête son centenaire en 2022. Aujourd’hui, le groupe réunit quatre marques dédiées aux produits et services œnologiques. Quelles sont les spécificités de chacune d’entre elles ?
Sofralab c’est plus de 190 salariés à travers 75 pays dans le monde. Nous possédons onze laboratoires d’œnologie en France, et en 2021, le groupe a racheté la société Oceania, spécialisée dans l’analyse fine. Celle-ci, plus connue dans le secteur agro-alimentaire, complète notre offre de services et d’analyses pour le monde du vin, en offrant la possibilité d’analyser par exemple des contaminants, ou encore des composés réglementés dans le vin (métaux lourds, phtalates, etc.).
Le groupe Sofralab est composé de la Station oenotechnique de Champagne, née en 1971 à Epernay, dédiée au conseil et aux produits œnologiques des vins effervescents. Martin Vialatte est quant à elle la première marque du groupe. Créée en 1922 dans les Ateliers parisiens, elle est spécialisée dans l’élaboration de produits œnologiques et dans l’expertise des vins tranquilles. Très présente à l’export, elle est historiquement liée au Languedoc, qui est sa première implantation française.
Nous avons également Oenofrance, qui était à l’origine une société bordelaise connue pour sa réflexion autour des problématiques de terroir, et des laboratoires affiliés à des instituts de recherches qui ont travaillé à développer des souches de levures et dérivés de levures. Ce sont aujourd’hui deux filiales, une en Italie, une aux Etats-Unis, et bientôt une prochaine au Chili. Nous travaillons également en Australie et en Nouvelle-Zélande et dans les principaux pays producteurs de vins.
Et enfin Oenoterris, la dernière marque développée par Sofralab, qui a vocation à accompagner l’évolution vers une agro-œnologie raisonnée.
Vous avez effectivement un rôle à jouer afin d’accompagner ces changements de pratiques vers une agriculture plus vertueuse.
C’est ce que nous prônons en privilégiant le préventif plutôt qu’une action curative. Dans le cadre de cette démarche, nous développons un outil d’aide à la décision en cave. C’est une application qui permet de mieux doser les produits utilisés pour le collage des vins.
Notre action doit intervenir au début de la chaîne, en travaillant notamment sur la qualité du raisin, dans le vignoble, avant son entrée en cave. C’est pourquoi nous avons travaillé sur de la nutrition foliaire à la vigne (3 produits différents : fleurs, arômes, expression) qui vont par exemple permettre d’aider le végétal quand il en a vraiment besoin. Un des objectifs est de palier au stress hydrique de la plante.
La nouveauté, c’est de faire ce lien entre la cave et la vigne. Nos œnologues conseils raisonnent en intégrant l’équilibre de la plante et en adaptant le bon process œnologique.
Là où l’innovation est intéressante, c’est qu’elle est proactive.
Lancé en France depuis deux ans, nous développons cette démarche en 2023 à l’international, en Italie, au Portugal, en Grèce ou encore en Espagne.
Nous avons d’ailleurs pu réaliser des essais pendant cinq ans grâce à notre Campus Montagnac.
Le Campus Montagnac a été créé en 2018 en Languedoc. Quelle est la vocation de ce site phare pour le groupe ?
Nous avions besoin d’avoir notre propre outil expérimental, ainsi qu’un dépôt logistique dans le Sud pour compléter celui de Champagne.
Campus Montagnac est un investissement de plus de 3 millions d’euros. 25 personnes y travaillent à l’année. C’est à la fois un centre de recherche et développement, un laboratoire de microbiologie, mais aussi un centre de formation pour nos équipes et partenaires, où nous organisons des réunions communes avec la profession. C’est ici que nous avons créé une cave expérimentale de 300 m2.
Il y a des petites cuves de 1 hectolitre et des cuves de 5 hectos qui nous permettent de réaliser des micro-vinifications.
Pourquoi avoir choisi le Languedoc pour installer cette cave expérimentale ?
Pour nous, le Languedoc c’est là où l’on retrouve la plus grande diversité de cépages. Nous pouvons ainsi tester des nouveaux produits et faire du benchmark sur une palette de cépages très variée, pour travailler par exemple sur la nutrition dans les moûts, sur des levures thiols. Chaque année, notre équipe réalise une centaine de micro-vinifications en cave.
C’est ici qu’est née votre innovation Starbella® Low Alcohol, une levure qui permettrait de baisser de 2 degrés l’alcool des vins ?
Starbella® Low Alcohol est issue d’une collaboration avec l’Université de Dijon que nous avons financée. Nous avons démarré en 2022 les premiers essais industriels sur dix sites viticoles.
La désalcoolisation naturelle avec la levure est une première.
Le dérèglement des conditions climatiques impacte les niveaux de maturité technologique et phénolique des baies de raisin qui sont de plus en plus décalées. L’obtention d’une maturité phénolique raisonnable implique par conséquent une concentration accrue en sucres et donc un vin avec un fort degré alcoolique, ce qui entraine plusieurs problèmes techniques, sensoriels ou économiques. Notre méthode permet donc de réduire l’alcool tout en s’assurant de la bonne maturité phénolique du raisin.
Vinseo et vous ?
Il nous a semblé naturel d’aller chercher des regards d’autres confrères pour échanger sur des visions différentes du marché, sur des projets d’innovation, sur de la veille. Vinseo permet ces rencontres, et d’être plus fort ensemble, notamment lors des salons comme Sitevi et prochainement Vinitech. Sans ce collectif, nous n’y serions pas allés.
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