Retour sur cette 9ème édition de la rencontre entre Vinseo (Occitanie) et Inno’vin (Nouvelle-Aquitaine). Comprendre et piloter le microbiome des sols, pour quels bénéfices ? À travers ce webinaire, nous vous invitons à faire le point sur comment caractériser, préserver et valoriser la qualité microbiologique des sols viticoles.

Introduction : Le microbiome du sol et la vigne : quel impact sur la croissance et l’adaptation du plant ?

🔬 Virginie Lauvergeat, Maitre de conférences de l’Université de Bordeaux ; UMR Ecophysiologie et Génomique de la Vigne (EGFV), Univ. Bordeaux, Bordeaux Sciences Agro, INRAE, ISVV

La viticulture fait face à des défis sans précédent : changements climatiques, stress hydriques plus fréquents, sols parfois épuisés. Dans ce contexte, redonner vie aux sols apparaît comme un levier incontournable pour produire durablement et protéger la qualité du vin

L’intervention de Virginie Lauvergeat a posé les bases de la compréhension de la vie microbienne des sols, véritable moteur de la fertilité. Elle rappelle que le sol n’est pas un simple support, mais un écosystème vivant, dont la qualité dépend de l’équilibre entre bactéries, champignons, archées et faune du sol. Grâce aux progrès des analyses ADN, il est désormais possible de dresser une carte fonctionnelle du microbiote du sol, d’en suivre l’évolution et d’évaluer l’effet des pratiques agricoles.

Virginie souligne l’importance d’une approche globale : pour régénérer un sol, il ne suffit pas d’ajouter des intrants biologiques, il faut observer, diagnostiquer et comprendre les interactions entre la biologie, la chimie et la structure physique du sol.

Nourrir les vies des sols : comment et pourquoi ?

Olivier DEMARLE, Directeur Recherche & Développement, Frayssinet

De son côté, Olivier Demarle, présente l’importance du carbone organique comme carburant de la vie du sol. À travers de nombreux essais agronomiques, il démontre que la matière organique de qualité, issue de composts équilibrés ou de fumiers bien décomposés, stimule la biomasse microbienne et améliore la structure du sol. Il rappelle toutefois que tous les apports ne se valent pas : certains composts pauvres peuvent au contraire freiner l’activité biologique.

Olivier insiste aussi sur l’importance du pH, de la texture et de l’aération : ces paramètres conditionnent la diversité microbienne et la bonne intégration des micro-organismes. Son message est clair : aucune solution miracle ne remplacera la gestion raisonnée du carbone et de la structure du sol, véritables piliers d’une fertilité durable.

Reproduction du webinaire sur le programme des conférences du salon SITEVI 2025

3 idées reçues sur la vie du sol et son impact sur la vigne

Thibaut DÉPLANCHE, Directeur Général, Celesta-lab

L’intervention de Thibaut Déplanche met en lumière une idée essentielle : la présence de matière organique dans le sol, bien qu’indispensable, n’est pas suffisante pour garantir une vie microbienne dynamique et équilibrée. En s’appuyant sur des cas d’étude et sur une vaste base de données, il montre que la corrélation entre taux de matière organique et biomasse microbienne n’est fiable que dans un peu plus d’un cas sur deux, soulignant l’importance de la qualité plutôt que de la simple quantité.

Toutes les matières organiques n’ont pas le même rôle : certaines, très digestibles, nourrissent les micro-organismes ; d’autres, plus stables, structurent le sol et retiennent les nutriments. À travers l’analyse fine de deux parcelles viticoles, il illustre comment deux sols présentant un même taux de carbone peuvent avoir des fonctionnements biologiques opposés — l’un en sur-minéralisation (perte rapide de matière organique), l’autre en sous-minéralisation (manque d’activité microbienne). Sa conclusion : pour préserver durablement la fertilité, il faut adapter les apports organiques à l’état réel du sol, en combinant diagnostic biologique et gestion raisonnée des matières organiques.

Analyser les fonctions bactériennes du microbiote pour régénérer les sols viticoles

Sandrine CLAUS, Présidente Fondatrice, Starfish Bioscience

Par ailleurs, Sandrine Claus, fondatrice de Starfish Bioscience, met en avant le rôle central mais encore méconnu des bactéries du sol dans la fertilité et la productivité agricoles. Elle rappelle que ces micro-organismes, un milliard par gramme de sol, constituent la principale source de biodiversité terrestre, mais que 99 % d’entre eux restent inconnus et non cultivés. En s’appuyant sur de récentes études internationales, elle montre que la diversité bactérienne, influencée par le pH, le carbone organique et l’oxygénation du sol, est directement liée à la productivité des sols.

Sandrine Claus présente ensuite les approches innovantes de Starfish, qui combine diagnostic fonctionnel et biosolutions bactériennes vivantes issues du séquençage ADN à haute résolution. Un essai mené dans le Bordelais révèle que les sols viticoles cultivés présentent 50 % de biomasse microbienne en moins que les sols naturels voisins, illustrant l’urgence de régénérer les microbiotes agricoles pour restaurer durablement la santé et la résilience des sols.

Vigne & mycorhization : Renforcer la résilience face aux changements climatiques

Léone GENTET, Ingénieure Agronome, Cheffe de projet – Filière Vigne, Mycophyto

Enfin, Léone Gentet, de Mycophyto, focalise sur les champignons mycorhiziens dans la résilience de la vigne face au changement climatique. Elle rappelle que ces organismes, présents naturellement dans le sol, forment avec les racines de véritables “autoroutes souterraines” qui facilitent la circulation de l’eau et des nutriments. Dans un contexte où les sols viticoles sont parmi les plus dégradés, appauvris en matière organique et en biodiversité, Mycophyto travaille à réintroduire des mycorhizes adaptées à chaque terroir afin de restaurer les fonctions écologiques du sol.

À travers le projet MicoVignes, mené sur trois ans au Château Sainte Roseline (Var), Léone Gentet montre que la mycorhization permet d’augmenter la rétention en eau du sol de 20 à 37 %, de réduire le stress hydrique et de limiter les pertes de rendement lors des épisodes climatiques extrêmes. Une démonstration concrète que la régénération biologique des sols peut devenir un levier essentiel pour une viticulture plus durable, productive et résiliente.

 

 

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