Pépiniériste né en Vendée à la fin du XIXe siècle, la société Mercier a récemment développé une technique innovante pour accélérer le processus de production des plants de vigne. Son objectif : accroitre l’offre de diversité variétale dans des conditions sanitaires optimum.

Laurent Hilaire, directeur commercial des Pépinières Mercier.
Implantées dans toutes les régions viticoles françaises et à l’étranger, ses équipes proposent ainsi un large catalogue capable de répondre à toutes les demandes de la filière, avec pour tendances, le retour des variétés anciennes, étrangères et le développement de nouveaux cépages résistants. Explications avec Laurent Hilaire, directeur commercial.
Mercier a été fondé il y a plus d’un siècle et a su se développer fortement. Comment expliquez-vous cette longévité ?
Comme beaucoup de pépinières viticoles françaises, l’entreprise a été créée à la fin du XIXe siècle à l’époque de la crise du phylloxera au moment où il a fallu replanter la vigne greffée sur pied américain.
Depuis, elle a beaucoup grandi et pris une envergure et une renommée internationale. Elle compte dans ses effectifs plus de 300 salariés en équivalent temps plein.
Nous exportons dans une cinquantaine de pays, l’export représentant 30 à 40% de notre chiffre d’affaires.
Pour permettre ce développement à l’export, nous nous sommes donné les moyens en fondant très tôt un laboratoire de diagnostic sanitaire permettant de scanner toutes nos productions de matériel végétal. Nous avons compris qu’il fallait maîtriser et contrôler l’état sanitaire de nos plants, chaque pays possédant ses propres règles en la matière. Nous avons investi dans des équipements qui permettent ce contrôle drastique afin de répondre aux normes les plus strictes.
L’innovation a été votre accélérateur ?
Oui, par exemple, et comme évoqué plus haut, nous avons été les premiers à imaginer ce mode de culture de greffons en serre et avons construit en 2021 une serre de plus de 4 hectares. Nous y avons implanté un conservatoire de plus de 250 variétés de vigne. Cela nous permet de répondre aux demandes les plus spécifiques et dans un délai rapide.
À partir d’une souche plantée hors sol dans cette serre nous parvenons à obtenir de façon sécurisée 50 à 60 greffons en seulement 1 an, contre 4 ans en plein champs.
En parallèle nous disposons également d’un parc de 350 hectares de vigne mères de porte greffe et greffons implantés de manière traditionnelle en plein champs.
L’auto-approvisionnement de nos ressources et leur traçabilité font partie des atouts de notre entreprise pour produire des plants de qualité. Notre nouvelle gamme de plants Altis repose sur trois piliers fondamentaux : sûr, sain et responsable.
Nous accordons aussi une place importante à l’accompagnement de nos clients. Nos 17 techniciens sillonnent les terroirs viticoles et assistent nos clients pour le choix de la combinaison idéale entre le porte-greffe le plus adapté à leur terrain et la variété choisie.
Nous assurons systématiquement un suivi sur le terrain après la plantation et restons proche des préoccupations de nos clients.
L’entreprise est originaire de Vendée, mais vous rayonnez sur tout l’Hexagone et au-delà ?
En effet, depuis le siège social situé à Vix en Vendée nous gérons la commercialisation des secteurs Centre, Val de Loire et du quart Nord-Ouest, intégrant les nouveaux terroirs viticoles comme la Bretagne, la Normandie et le bassin Ile-de-France. Le département export est également installé au siège.
Nous possédons trois agences commerciales et logistiques délocalisées en région, toutes dotées de chambres froides permettant le stockage des commandes des clients au plus près de leur zone de destination.
La première agence créée en région est celle de Nouvelle-Aquitaine sur la commune de La Lande-de-Fronsac. Installée au cœur du vignoble Bordelais, cette agence et ses 4 techniciens accompagnent les vignerons d’Aquitaine, des Landes, de la Charente, de la Dordogne et plus globalement du quart Sud-Ouest de la France.
Vinseo réunissant les structures autour du monde du vin présentes dans le Sud, on se doit de parler de notre implantation en Occitanie !
En 2018, nous avons créé l’agence Grand Sud sur la commune de Saturargues près de Lunel qui permet d’assurer un service de proximité à destination de nos clients du Sud.
L’agence de Saturargues héberge cinq techniciens qui se partagent le territoire du grand Sud, l’arc méditerranéen allant de Nice à Perpignan, mais aussi la vallée du Rhône, la Corse et le Sud-Ouest avec les territoires de Cahors, Gaillac, Fronton et Aveyron.
L’Occitanie représente environ 25 % des volumes de vente de l’entreprise. Le Sud est donc une région très importante pour nous.
Enfin nous avons installé récemment une troisième agence Mercier à Beaune. Elle rayonne sur les zones viticoles de Bourgogne, du Beaujolais, de l’Auvergne, de la Champagne, de l’Alsace, du Jura et plus généralement sur les terroirs viticoles du quart Nord Est de la France
Quelles sont les demandes variétales les plus récurrentes ?
Dans le Sud, c’est le retour des variétés anciennes, parfois plus tolérantes à la sécheresse. Ces variétés abandonnées il y a 30 ou 40 ans, car difficiles à cultiver ou moins appréciées, regagnent de l’intérêt pour leur capacité à s’adapter au climat plus chaud. C’est le cas de l’Aramon par exemple, du Terret ou du Carignan blanc, cépages identitaires du Languedoc.
Nous implantons dans le Sud des parcelles tests réunissant plusieurs variétés anciennes dans le but d’observer leur adaptation au changement climatique et de partager ces expériences avec nos clients.
Il faut aussi parler de l’essor des variétés résistantes. Ces plants hybrides de nouvelle génération sont capables de résister aux principales maladies cryptogamiques de la vigne : mildiou, oïdium, black rot tout en proposant des vins de qualité.
Mercier est d’ailleurs pleinement impliqué dans la recherche et la création de nouvelles variétés. En France, nous sommes la seule structure privée agréée en tant que sélectionneur et autorisée à créer de nouvelles variétés. Dans ce cadre, nous avons créé un programme encadrant ces variétés résistantes nommée Nathy. Ces variétés nouvelles rentrent peu à peu dans le cahier des charges des appellations. Par exemple la variété Nathy-Sauvignac a rejoint très récemment les cépages autorisés de l’AOP Provence et l’IGP Val de Loire. Le succès de notre première variété résistante le Nathy-Sauvignac nous a amené à développer 22 autres nouvelles variétés qui sont encore au stade des observations agronomiques (VATE) et organoleptiques. Le département recherche et développement de notre laboratoire Novatech est pleinement impliqué sur ce programme de création variétale.
Sur le sujet des plants résistants nous multiplions et diffusons aussi les variétés d’autres organismes comme les variétés des programmes Resdur de l’INRAE (Floréal, Voltis, Sirano, …) ou les variétés résistantes offertes par les instituts étrangers (Souvignier Gris, Muscaris, …).
Les cépages rouges restent-ils majoritaires ou les blancs prennent-ils toujours plus de parts de marché ?
La demande blanchit c’est vrai depuis trois ou quatre ans. Ce revirement assez brutal nous a contraint à adapter nos greffages en conséquence et à ajuster le parc de vigne mères. Il faut 18 mois pour produire un plant de vigne. Compte tenu de ce temps long pour produire, il faut être visionnaire….
Il y a eu la mode du rosé Cinsault/Grenache. Aujourd’hui la demande est clairement portée sur le blanc : Chardonnay, Sauvignon, Grenache blanc et gris, Vermentino, Clairette, Piquepoul blanc, Carignan blanc, Bourboulenc, Terret blanc, Macabeu. On recherche souvent un cépage qui apporte de la vivacité et réveille les papilles avec de l’acidité naturelle. Ce sont des cépages que l’on greffait moins il y a une dizaine d’années.
En rouge, en Occitanie, la Syrah et le Grenache N restent majoritaires, le Merlot et le Cabernet ont beaucoup chuté. En rouge viennent ensuite le Cinsaut, le Mourvèdre, la Caladoc et le Carignan.
On regarde aussi les nouvelles tendances avec l’émergence des vins no-low. Comment le végétal est capable de s’adapter aux modes et aux évolutions de la consommation. On est en train de travailler sur des variétés qui produisent moins de degrés, plus de sucre. En allant chercher dans des cépages déjà existants et de nouveaux à créer.
Depuis quand êtes-vous membre du réseau Vinseo ?
Nous avons sauté le pas en 2024. Nous avions déjà des liens avec différents adhérents du réseau et il nous a semblé important de le rejoindre. Des premières expériences, nous apprécions les échanges d’informations, la veille, d’avoir des avis des différents intervenants et de connaître les tendances pour mieux comprendre le marché. Il faut pouvoir réagir. Vinseo c’est du réseau, des bonnes méthodes, de l’innovation.
Mercier Grand Sud
718 avenue de la Mer
34400 Saturargue
pepinieres.vergeze@mercier-groupe.com
Tél. 04 66 77 09 90
www.pepinieres-mercier.com